19.80 €
| | Compositeur | Nicolaci Silvestro / Dimaggio Giancarlo | | Titre | Bach BDMusic 1Bd + 2 Cd | | Edition | BDMUSIC | | Numéro | | | Instrumentation | Livre - Bandes Dessinées - Rélié | | Disponibilité | Sous quelques jours | | Prix en euro | 19.80 € | | | Contenu | Total cd 2 : 77'19 Wolfgang schneiderhan,violon (1955) Re mineur, pour violon solo bwv 1004 17 chaconne extraite de la 2e partita en 14'52 Gerald moore, piano (1957) Pierre fournier, violoncelle Bwv 599 5'10 16 choral « nun komm der heiden heiland Rosalyn tureck, piano (1957-1958) 15 gigue 3'29 14 scherzo 1'16 13 burlesca 2'21 12 sarabande 5'08 11 corrente 3'26 10 allemande 2'52 9 fantasia 2'00 Partita no 3, en la mineur, bwv 827 Direction : eugen ormandy (1956) Orchestre de philadelphie Isaac stern, violon 8 iii. allegro assai 4'05 7 ii. andante 7'01 6 i. [allegro] 4'14 Bwv 1041 Concerto pour violon no 1, en la mineur Direction : karl ristenpart (1951) Orchestre de chambre karl ristenpart Hermann tottcher, hautbois Dietrich fischer-dieskau, baryton 5 5. aria : « ich freue mich auf meinen tod » 3'53 4 4. recitatif : « mein gott ! » 0'59 3 3. aria : « schlummert ein » 7'18 2 2. recitatif : « mein trost ist nur allein » 1'26 1 1. aria : « ich habe genug » 7'27 Cantate « ich habe genug » bwv 82 Cd 2 les interpretations legendaires Total cd 1 : 66'13 Gustav leonhardt, orgue & direction (1954) Alfred planiawski, contrebasse baroque Nikolaus harnoncourt, violoncelle baroque Kurt theiner et alice hoffelner, altos baroques Eduard melkus et marie leonhardt, violons baroques Alfred deller, contre-tenor 36 agnus dei 5'31 Messe en si mineur, bwv 232 Karl richter et son orchestre de chambre (1958) Fritz sommer, violoncelle Karl richter, clavecin Paul meisen, flute Friedrich wuhrer, violon 35 allegro 5'16 34 affetuoso 5'45 33 allegro 10'32 Concerto brandebourgeois no 5, en re majeur, bwv 1050 (21'33) Glenn gould, piano (1955) 32 aria 2'12 31 variation 30 quodlibet 0'49 30 variation 29 1'01 29 variation 28 1'12 28 variation 27 canone alla nona 0'50 27 variation 26 0'53 26 variation 25 adagio 6'34 25 variation 24 canone all'ottava 0'59 24 variation 23 0'55 23 variation 22 alla breve 0'43 22 variation 21 canone alla settima 1'43 21 variation 20 0'49 20 variation 19 0'43 19 variation 18 canone alla sexta 0'47 18 variation 17 0'54 17 variation 16 1'19 16 variation 15 2'19 15 variation 14 0'59 14 variation 13 2'12 13 variation 12 canone alla quarta 0'57 12 variation 11 0'55 11 variation 10 fugetta 0'44 10 variation 9 canone alla terza 0'39 9 variation 8 0'47 8 variation 7 al tempo di giga 1'09 7 variation 6 canone alla seconda 0'34 6 variation 5 0'37 5 variation 4 0'29 4 variation 3 canone all'unisono 0'56 3 variation 2 0'37 2 variation 1 0'46 1 aria 1'55 Variations goldberg, bwv 988 (39'09) Cd 1 les interpretations legendaires | | | Dessin SILVESTRO NICOLACI
Silvestro Nicolaci est né à Palerme en 1978. Il publie en 2003 son premier livre pour enfants : Orfeo (Edizioni Scuola del Fumetto). Il dessine, en 2006, les pages de couverture des quatre volumes de bandes dessinées qui composent la série Sol Mirror (Cronaca di Topolinia) ; il est également l'auteur de diverses couvertures et illustrations pour la version italienne de la série Abissi (Piemme). En 2007, il publie le roman graphique Favola di Palermo (Edizioni Scuola del Fumetto). Il enseigne actuellement à de la Scuola del Fumetto (École de la BD) de Milan.
Scénario GIANCARLO DIMAGGIO
Giancarlo Dimaggio, écrivain né en 1965, vit à Rome. Il a publié une bande dessinée sur le club de football romain, il est romancier, poète et auteur dramatique. Auteur de la série bande dessinée La Dryade (Clair de Lune). Il produit actuellement un court métrage animé pour la société de production oscarisé Archangel SA et achève l'écriture du dessin animé adapté du jeu vidéo Cid The Dummy (Twelve Games).
Chapitre 1 : Quelle famille !
Veit Bach, meunier-boulanger né au XVIème siècle faisait tourner son moulin au son de sa cithare. Quels voeux secrets a-t-il nourri ? Personne ne le sait, mais force est de constater que depuis lors, tous les Bach sont musiciens. On en dénombre en effet plus de 80, de la même famille, dont la moitié sont des organistes ; 53 nous sont connus. Rien ne semble pouvoir tarir le flux musical qui habite et nourrit ce vaste clan : sur les 33 en ligne directe de Veit à Jean-Sébastien, 6 seulement font figure de troublions. Soumis aux rigoureuses règles de l'Art dès le berceau, tous chantent. Magnifiquement. Organiste, cantor, musicien d'orchestre ou compositeur, aucun ne sera médiocre. Ils ne le pourront pas, même avec la meilleure volonté, tellement l'air qu'ils respirent dès leur naissance palpite d'harmonieuses vibrations.
Une fois l'an, le clan se réunit au complet pour critiquer les dernières compositions de leur parentèle. Avant de commencer, ils se recueillent et chantent en choeur un choral. « Cette pieuse introduction, écrit Forkel, était parfois suivie de bouffonneries qui formaient avec elle un piquant contraste. Ainsi, par exemple, ils chantaient tous à la fois et sans préparation des chansons populaires, dont le sujet était partie comique, partie facétieux : la chose était pourtant combinée de façon que les nombreux airs ainsi improvisés formassent entre eux un ensemble harmonieux, quoique les paroles fussent différentes dans chaque partie. Ils appelaient quod libet ce choeur qui excitait chez eux un rire aussi cordial et irrésistible que parmi les personnes qui composaient l'auditoire.E»
Si l'année 1685 est marquée par la Révocation de l'Édit de Nantes, la naissance de Domenico Scarlatti et de G.F.Haendel, elle l'est surtout par la venue au monde du petit Johann Sebastian le 21 mars, à Eisenach, cité de Luther. Corelli a 32 ans, La Lande 28, Couperin 17, Vivaldi 7 et Rameau 2. Pachelbel commence à faire parler de lui.
6e fils de Maria Elisabetha Lämmerhirt (1644-1694), issue d'une famille de musiciens, et de Johann Ambrosius Bach (1645-1695), Haussmann au talent indéniable, Jean-Sébastien est le dernier de 8 enfants. Doué pour le violon, il se passionne pour l'orgue qu'il découvre au contact de son oncle Johann Christoph, considéré comme le plus grand compositeur de la famille.
Chapitre 2 : La soif d'apprendre
1685-1700
Devenu orphelin à l'âge de 9 ans, l'enfant part vivre chez son frère aîné Johann Christoph (1671-1721), organiste et instituteur dans la ville voisine d'Ohrdruf. Ayant appris le métier avec Pachelbel, il aura à coeur de former le benjamin au jeu de l'orgue et du clavecin tout en lui donnant les premiers rudiments de composition. Ses revenus étant plus que modestes, et la famille, nombreuse à nourrir, tout le monde est mis à contribution. Et Jean-Sébastien de chanter dans les choeurs moyennant rétribution (pour 45 florins et une répartition de riz et de bois), tout en suivant les cours du prestigieux lycée d'Ohrdruf. Excellent élève, il devient senior à l'âge de 14 ans quand la coutume veut qu'on le devienne à 17.
L'adolescent s'essaye à tous les instruments, est curieux de toutes les musiques, surtout des modernes. Mais hélas, Johann Christoph ne veut rien entendre tant que le petit ne possède pas parfaitement les règles classiques. Qu'à cela ne tienne ! ce dernier s'empare en catimini d'un volume où son aîné a réuni les dernières compositions des contemporains Froberger, Fisher, Kerll, Buxtehude, Bruhns, Böhm et Pachelbel. Il passe six mois à les copier en cachette, les nuits de clair de lune. Pas de chance ! son frère découvre la copie et la lui confisque sur le champ .
Est-ce la goutte d'eau qui fait déborder le vase ? Nul ne sait. Mais notre jeune artiste, à l'âge de 15 ans, décide de changer d'air. C'est sa première fugue !
Chapitre 3 : De bon matin sur les chemins...
Le 15 mars 1700, il part donc, à pied, pour la manécanterie du réputé lycée Saint-Michel de Lüneburg où il avait été accepté , à 350 kilomètres au Nord d'Ohrdruf. Vivant dorénavant à quelques lieues de Hambourg (50 kms, tout de même !), véritable Paris du Hanovre, l'adolescent n'hésite pas à affronter le vent et la pluie, le froid mordant et les haltes sans confort, pour entendre les grands maîtres jouer sur des orgues à la palette sonore inouïe ainsi Reinken, Pachelbel, Froberger... Bach « se plaisait à rapporter une anecdote qu'il avait vécue. Il était alors à l'école de Lüneburg, près de Hambourg, où florissait l'art d'un très profond organiste et compositeur nommé Reinken. Comme il entreprenait assez souvent des voyages en cette ville pour entendre l'artiste, il arriva un jour qu'il demeure à Hambourg plus longtemps que ne le lui permettait sa bourse, si bien qu'au moment de son retour vers Lüneburg, il n'avait plus que quelques schillings en poche. Il n'avait pas fait encore la moitié du chemin lorsqu'il fut pris d'une grande faim ; il entra enfin dans une auberge où la situation dans laquelle il se trouvait fut rendue dix fois plus douloureuse par les parfums délicieux qui s'échappaient des cuisines. Il était plongé dans ces considérations désolées lorsqu'il entendit le grincement d'une fenêtre que l'on ouvrait et par laquelle, à ce qu'il vit, on jetait quelques têtes de harengs sur les ordures. Le spectacle lui fit venir l'eau à la bouche [....] et il n'hésita pas à s'emparer de ces poissons. Miracle ! Alors qu'il venait à peine de commencer à les décortiquer, il trouva, caché dans chacune des têtes, un ducat danois ; cette trouvaille le mit non seulement en état d'ajouter à son repas une portion de rôti, mais encore d'entreprendre avec un peu plus d'aisance un nouveau pèlerinage à Hambourg pour entendre Monsieur Reinken ?».
À 50 ans passés il arpentera toujours les chemins, pour aller expertiser un orgue, rencontrer ses pairs et jouer. Fredonnant tout en cherchant dans ses poches des bouts de papier informes sur lesquels il griffonne fébrilement des notes, ses pas rythment une basse continue que lui seul entend alors que le vent souffle à ses oreilles attentives des motifs colorés en cascade.
Chapitre 4 : C'est le métier qui rentre...
1700-1703
À l'école, il travaille la rhétorique, la logique, le latin, le grec et la théologie luthérienne. Dans la bibliothèque du lycée, un répertoire immense est à sa portée et personne pour lui en interdire l'accès. Il lit tout, polyphonies de la Renaissance, madrigaux, messes, oratorios, se penche sur les pages de Monteverdi, Carissimi, Pachelbel, Lassus, Froberger et tant d'autres.
Sa maîtrise de la langue française ? langue affectionnée de l'aristocratie allemande ? et sa curiosité naturelle lui permettront, en entrant en contact avec la cour de Cella que le duc Georg Wilhelm rêvait de transformer en un petit Versailles, d'examiner et de recopier beaucoup d'oeuvres venues de France, notamment celles de Couperin le Grand qui lui furent une révélation. Il engage avec ce dernier une correspondance dont il ne nous reste rien, la descendance du Sieur Couperin l'ayant reconvertie en papier à recouvrir les pots de confiture !
Âgé d'à peine 17 ans, notre artiste qui étudie sans faiblir, s'est déjà essayé à une grande diversité de musiques, d'écoles, de formes et de styles.
Sa première candidature en tant qu'organiste n'étant pas retenue, il devient laquais et violoniste du duc Johann Ernst, frère du duc de Weimar en mars 1703. Il tient la partie de violon, comme celle d'alto ou de violoncelle : il joue tout, est curieux de tout. Pour lui, rien n'est impossible et le travail est la clé de la réussite : « Tout est possible dès qu'on le veut et qu'on s'efforce avec ardeur de transformer par un travail infatigable les facultés naturelles en faculté d'artiste », dira-t-il plus tard. Ces 4 mois passés à Weimar assoient sa réputation.
À Arnstadt où il auditionne devant les notables, il fait à l'orgue une démonstration si étonnante que ces derniers refusent d'entendre d'autre candidat. « Il prenait en général un mouvement très vif, mais il s'arrangeait également à introduire dans son exécution une variété telle que chaque morceau sous sa main ressemblait à un discours A». Le 14 août 1703, âgé de 18 ans, Bach devient titulaire de l'orgue de la Neue Kirsche d'Arnstadt.
Chapitre 5 : Quel caractère...
Son premier poste le rend tout guilleret, notre Jean-Sébastien qui ne néglige pas sa mise et porte l'épée, cherchant à maintenir les manières aristocratiques apprises à Lüneburg. Le service est peu contraignant , et le salaire avantageux . Mais... l'église n'est pas très importante, les choristes, plus que médiocres, sont indisciplinés. Notre virtuose s'emporte, fulmine, insulte, en vient aux mains : tout est méticuleusement relevé par le consistoire . Qui se met à le réprimander officiellement : d'abord pour avoir étiré le congé consenti pour aller écouter Buxtehude à Lübeck, d'1 mois à 4 mois (fin octobre 1705-février 1706). Puis parce que, à son retour, il se met à altérer la polyphonie en introduisant « d'étranges variationes et jouant des accords étranges, toutes choses qui perturbaient l'assemblée. » Suite de quoi on lui reproche, après avoir « préludé trop longuement », d'être tombé dans « l'extrême inverse » et de « préluder désormais trop brièvement » (car pour se venger des semonces du consistoire, Bach obéit aux ordres de façon caricaturale, en jouant la musique la plus plate possible !). Il ne se soumet plus aux règles de bienséance et fait d'ailleurs monter à la tribune une jeune fille, Maria Barbara, une cousine éloignée, fille d'organiste et orpheline comme lui, qu'il accompagne alors qu'elle chante.
Bach n'en peut plus. Mülhausen cherche un organiste. Il part. Le 15 juin 1707 il signe son contrat pour un salaire supérieur à celui d'Arnstadt . Il a 22 ans. Il épouse Maria Barbara le 17 octobre.
La querelle entre luthériens orthodoxes et piétistes qui fait rage va le déloger rapidement : il s'y engage à tel point qu'on lui supprime le logement et divers privilèges. Excédé, il se présente à la cour de Weimar en juin 1708 pour y être aussitôt accepté .
Querelleur et peu conciliant, Jean-Sébastien l'est certainement, « surtout lorsqu'il se sentait interrompu ou contrarié dans ses pensées, c'est-à-dire presque toujours D ». À Arnstadt, il insulte le basson d'un des élèves en le traitant de « vieille chèvre ». Vexé, le bassoniste le traite de « sale cabot » tout en le rouant de coups. Fureur de Bach qui jure de ne plus s'occuper de « ce choeur d'imbéciles ». À Leipzig, il traite le compositeur Gorner de « savetier » et le recteur Ernesti de « Dreckohr, Rektor », « Recteur, oreille de merde »... Et dire que tant d'insultes ont été perdues !
L'appétit de Bach ne se cantonne pas à la musique. Amateur de vin et de bière, il aime la bonne chère et sait faire honneur à un repas pantagruélique : « Ces doux présents de Dieu... ». Il fume, également. La nourriture joue un rôle important dans sa vie, il l'affirme avec humour dans certaines compositions. Ainsi le texte d'un récitatif (cantate BWV13) confirme-t-il sa joie de vivre : « Dieu peut facilement transformer le jus d'armoise en vin / et accorder ainsi des milliers de plaisirs ». La Cantate du café BWV 211 : « Café, café ! Oui ! Oui ! Comme c'est bon ! Meilleur que mille baisers ou le vin de muscat ! Café ! café ! Il me faut du café !.... ». Le clin d'oeil le plus éloquent se trouve dans la dernière variation Goldberg qui fait entendre 2 mélodies populaires dont l'une : « Chou et betteraves m'ont fait fuir ; si ma mère m'avait préparé de la viande, je serai resté plus longtemps B ».
Il adore les enfants, la maison bourdonne et les fruits de sa paternité ne le déconcentrent nullement . Papa travaille au milieu des cris et piaillements, avec plus d'un petit crapahutant sous son bureau... Tout le monde, la mère comprise, chante le quod libet, tradition familiale oblige. Son jeu préféré est de mettre ses marmousets aux clavecins familiaux et de les faire jouer tous ensemble, chacun dans une tonalité différente. S'il aime à rire et à les faire rire, il n'est pas question de fainéanter quand l'heure est au travail ! Le Bach de Londres (Johann Christian) raconte : « j'improvisai au clavecin de manière tout à fait mécanique et je m'arrêtais à une quarte et sixte. Mon père était au lit et je croyais qu'il dormait, mais il sauta du lit, me donna une gifle et je résolus ma quarte et sixte F ».
Pédagogue accompli, il sait rendre la musique savoureuse à ses enfants comme à ses élèves. S'il « sentait le découragement envahir l'élève, il lui écrivait quelques petites pièces se rapportant aux exercices et qu'il reliait l'une l'autre. (...) Il les composa, dit-on, pendant les leçons mêmes, en tenant compte des besoins momentanés de l'élève F». Pour son fils aîné, mon cher Friede aimait-il à dire, il écrit le Klavierbüchlein, les Inventions et les Sinfonies à 2 et 3 voix, ainsi que quelques pièces du Clavecin bien tempéré.
Chapitre 6 : « C'est le diable ou Bach en personne... »
1708-1723
L'atmosphère de Weimar est propice à Jean-Sébastien. Très apprécié du duc, il est autorisé à faire tout ce qu'il veut . La cour a les portes grandes ouvertes sur les influences étrangères. Notre compositeur, qui se passionne pour les nouveaux genres, recopie et adapte pour l'orgue les concerti du prêtre italien Antonio Vivaldi, violoniste éblouissant.
Sa réputation d'organiste grandit d'autant plus qu'il peut visiter toutes les villes et les cours qu'il désire. Virtuose, il est celui qui a bouleversé la technique de jeu au clavier en inaugurant l'emploi des pouces. Il a développé la technique du pédalier « au point de pouvoir saisir l'auditoire uniquement par une improvisation étourdissante sur pédales ». Constantin Bellermann assiste à une démonstration à la cour de Cassel : « Ses pieds volaient comme des ailes sur le pédalier, et il déchaînait le tonnerre à travers l'église. Le prince Frédéric fut si saisi d'étonnement et d'admiration qu'il arracha de son doigt un anneau serti d'une pierre précieuse et l'offrit à Bach dès qu'il eut terminé. Si la seule habileté de ses pieds lui valut une telle récompense, que lui eût offert le prince s'il avait fait par surcroît usage de ses mains ! C». Lorsqu'il essaye un orgue pour la première fois, Bach en tire tous les registres « pour voir si les poumons sont solides ». Et, si l'orgue lui convient, il choisit un thème, prélude et improvise tant et plus, terminant presque invariablement par une fugue. « Il aimait tant que l'harmonie fût pleine, que, en dehors de l'usage constant et intense du pédalier, on dit qu'il enfonçait les touches inaccessibles à ses mains et à ses pieds avec une baguette qu'il tenait dans la bouche A».
Près de 150 pièces pour orgue furent composées au cours de ces 9 années passées à Weimar, soit en moyenne une toutes les 3 semaines. Il y compose également l'essentiel de sa musique religieuse.
Il est d'autant plus heureux que sa femme ne cesse d'être enceinte. Après sa fille Catharina Dorothea, née en 1708, vient Wilhelm Freidemann. Puis des jumeaux, qui ne survivent pas. En 1714 naît Carl Philipp Emmanuel suivi, en mai 1715, de Johann Gottfried Bernhard. Trois fils qui feront parler d'eux.
Malgré sa situation enviable , le Cantor demande son congé: à Köthen, le poste de chef d'orchestre lui est offert pour un salaire deux fois plus important. Le puissant prince de Weimar refuse. Les choses s'enveniment tellement qu'il fait jeter son organiste préféré en prison le 6 novembre 1717, pour 4 semaines. Notre musicien en profite pour y corriger les chorals de l'Orgelbüchlein. Puis, au lieu d'être libéré de ses fonctions, il est mis tout bonnement à la porte ainsi que le stipule le rapport du secrétaire de la cour : « Le 6e de novembre, Bach, jusqu'alors maître de concerts et organiste de la cour, a été, en raison de son attitude entêtée et du congé qu'il sollicite avec obstination, arrêté en la salle de justice ; le 2e de décembre, son congé lui a enfin été signifié, en même temps que sa disgrâce déclarée, et il a été libéré de ses arrêts.G »
Son séjour à Kötchen (1718-1723) fut radieux, jusqu'au décès de sa femme. Esprit libéral, le prince Leopold « aime la musique autant qu'il la connaît » affirme Bach. Le palais est rempli de très beaux instruments, et l'orchestre a 20 musiciens. Bach ne cesse de composer : Concertos Brandebourgeois, le Clavier bien-tempéré I, les Suites anglaises et françaises, des sonates, des partitas, des ouvertures et diverses oeuvres pour clavier . Il accompagne le prince dans ses villégiatures. C'est en son absence, le 7 juillet 1720 que Maria Barbara décède à l'âge de 35 ans. Sa fille aînée n'a alors que 11 ans.
Après un an de veuvage, il demande au prince la permission de se remarier avec Anna Magdalena, fille d'un trompette de la cour. Cantatrice attachée à la cour, elle chante merveilleusement bien. Elle a 20 ans, est belle et admire Jean-Sébastien. Ils se marient en décembre 1721. Dans le même temps, Léopold prend femme. Cette dernière éloigne peu à peu son époux de la musique et Bach en prend ombrage. La mort du Cantor de Saint Thomas Leipzig lui fournit l'occasion de quitter Kötchen.
Chapitre 7 : Des chiffres et des lettres
« Bach montrait un goût prononcé pour les chiffres et pour les rapports qu'ils entretiennent entre eux comme avec les notes (...). Il aimait non seulement que les lettres de son nom correspondent dans la notation allemande aux notes si bémol la do si bécarre, mais aussi que ces lettres, si on leur donne leur numéro de l'ordre alphabétique, fassent 2, 1, 3, 8, soit 14 au total, nombre inversé de 41 si on ajoute les initiales de son prénom : J (ou I : 9) et S (18). Ainsi, composer 41 mesures de 14 notes où figurait le thème si bémol la do si bécarre, revenait à inscrire son nom dans l'épaisseur de la musique. (...) Il s'était fait dessiner un monogramme où ses initiales ornées se lisaient dans tous les sens aussi bien qu'en miroir. Il signa également de deux portées croisées, où l'unique note de si bémol au centre donnait aussi la do si bécarre selon la clé ou l'armature, tournant donc sur elle-même et s'irisant en rosace. (...) Il s'était également plu à imiter par des sons la nature des choses puisque, lorsque tout fait musique, c'est un jeu de réduire en signes le monde réel. Les anges descendent du ciel sur des gammes descendantes et y remontent sur des gammes montantes, tandis que la douleur soupire naturellement au moyen de soupirs, demi-soupirs et silences. (...) On trouve évidemment des pépiements de poules dans le Capriccio sur les cris des poules et des coqs, un cor de postillon dans la Fantaisie sur le départ de son frère bien-aimé, ou des braiements et de longues oreilles lorsque la cantate évoque un âne. L'inquiétude est chromatique. D » Théologien, il répète 10 fois un motif contrapuntique pour signifier les 10 commandements, ou encore 30 fois, pour évoquer les 30 deniers payés à Judas. « Le chiffre 7 représente la foi, 5 le Christ, 3 la Trinité, 6 la Création, 10 la Loi, 11 l'opposition à la Loi, 12 les apôtres, 13 la trahison, 14 Bach D ». Il s'amuse : « Cherchez et vous trouverez » écrit-il sous son Offrande Musicale dédiée à Frédéric II.
Chapitre 8 : La grisaille de Leipzig
1723 -1750
Le 5 mai 1723, Bach est intronisé à Leipzig. Il a 38 ans et a déjà écrit plus de la moitié de son oeuvre.
Pour la première fois de sa carrière, non seulement sa candidature ne soulève aucun enthousiasme, mais il se trouve même un imbécile pour affirmer « Puisque nous n'avons pu obtenir le meilleur, nous devons nous contenter d'un médiocre ». Il doit organiser les programmes de musique sacrée de la ville, composer environ 59 cantates par an à quoi s'ajoutent parfois musiques de circonstance, Passion, Magnificat, motets... Bach n'ayant pas la formation universitaire qu'il était de bon ton d'avoir, on le lui fait cruellement sentir. À partir de 1730, les conflits, nombreux, obligent le Cantor à plaider sa cause en permanence. On critique son enseignement, on le déclare « incorrigible », on affirme qu'il « montre peu d'inclination au travail » !! Et tous de tomber d'accord pour réduire son salaire. Bach cherche à partir. Sans y parvenir.
Vers 1738, alors qu'il a passé la cinquantaine, on commence à dire que si sa musique fait preuve de beaucoup de science et d'art, elle possède aussi une « emphase qui détourne du naturel », quelque chose d' « artificiel », d' « obscur ». Ses oeuvres sont trop compliquées à jouer comme à entendre, elles manquent de « conviction ». On remarque « certaines fautes qui ne sont pas petites ». De plus ce compositeur continue de se conformer « aux usages d'il y a vingt ou vingt-cinq ans » qui ne sont plus en vogue, surtout aujourd'hui où l'on préfère la simplicité. Pour une fois, Bach ne répond rien et continue : il écrit pour la Seule Gloire de Dieu et non pour flatter les oreilles de ses contemporains.
La venue de Gesner, grand admirateur de Bach, au rectorat de l'école offrira un court répit au Cantor . Des oeuvres sublimes voient le jour alors, dont la Messe en si. Hélas, Gesner repart, le nouveau recteur est impossible. Bach se concentre alors sur la musique instrumentale, se désintéressant complètement des choeurs. Heureusement, il continue de se déplacer beaucoup, soit pour expertiser les orgues, soit pour se faire entendre. Partout sa réputation le précède. En 1747, alors que les Prussiens assiègent Leipzig, il est admis à la Société des Sciences Musicales. Il produit à cette occasion des contrepoints « scientifiques » dont l'Offrande Musicale en 1748.
La vue du Cantor baisse soudain. Myope, il l'a toujours été, et dans sa famille, il arrive qu'on devienne aveugle en vieillissant. Deux opérations malencontreuses alors qu'il est en pleine réalisation de l'Art de la Fugue l'affaiblissent considérablement. Il perd conscience 10 jours avant de se retirer définitivement, le soir du mardi 28 juillet 1750.
Le Conseil ne s'attarde pas en éloges funèbres. Anna Magdalena doit lui mendier ses honoraires de veuve (prévus pour couvrir les six premiers mois uniquement). Il ampute son dû d'une erreur de comptabilité remontant à 27 ans ! Elle meurt 10 ans après, dans la misère.
Bonae Artis Cultorem Habeas
Traduction approximative : Tu dois tenir celui qui cultive la Vertu et les Beaux Arts (comme ton véritable ami) |
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