
20.00 €
| | | Compositeur | Robert Philippe | | | Titre | Rock, Pop un itineraire bis en 140 albums essentiels | | | Edition | le Mot et le Reste | | | Numéro | | | | Instrumentation | Livre - Pop-Rock - Rélié | | | Disponibilité | Sous quelques jours | | | Prix en euro | 20.00 € | | | | Pourquoi un itinéraire bis, lequel et comment l’emprunter ?
Une autre histoire existerait donc, parallèle à celle d’Elvis Presley, des Rolling Stones, des Beatles, de Jimi Hendrix, de Bob Dylan, des Who, de Led Zeppelin, des Sex Pistols, de Nirvana ou de Jeff Buckley. Une « histoire bis » regroupant des acteurs parfois évincés pour ne pas faire d’ombre au potentiel commercial plus important de rivaux qui, eux, ne manqueraient pas d’être célébrés par la « grande histoire » et le Rock and Roll Hall of Fame. [?]
Pour les besoins de cette histoire bis, ont été choisis et commentés 140 albums. C’est-à-dire des oeuvres conçues par leurs auteurs de manière ordonnée, des pièces de musique difficilement sécables, et à contre-courant d’une bonne part des disques sans canevas narratif des années deux mille, prêts à l’écoute « saucissonnée » à laquelle invitent les nouveaux moyens de reproduction sonore tel que le baladeur MP3 et les modes de consommation allant avec, comme « l’achat au titre ». [?]
Quelque soit leur rareté en LP, tous les albums qui ont été retenus sont disponibles en CD, ce critère de sélection ayant eu pour effet d’exclure une foultitude de pièces de collection onéreuses et souvent difficiles à dénicher, malgré l’importance indéniable de certaines. Toutes nos excuses à Galaxie500, aux Feelies, aux Lemon Kittens, à Saccharine Trust, à Pete Dello, The Left Banke, Elliott Murphy ou Dennis Wilson dont des disques étaient indisponibles au moment de la rédaction de cet ouvrage, sans quoi « Pacific Ocean Blue » aurait probablement figuré en bonne place, ne serait-ce que comme représentant par trop oublié des Beach Boys. [?]
Pour parer à toute forme de nostalgie, l’ordre alphabétique a été préféré au classement chronologique. Pas de « c’était mieux avant » qui tienne ! Toutes époques confondues, 140 albums cohabitent sans anicroches, générant souvent d’informatives et singulières collusions. De toute façon, Devendra Banhart ne prolonge-t-il pas ce qu’entreprirent autrefois l’Incredible String Band ou Tyrannosaurus Rex ? Faust ne s’inscrit-il pas dans le sillage de Red Crayola ? Un disque comme Laughing Stock de Talk Talk aurait-il été possible sans Rock Bottom de Robert Wyatt ? Que doivent Sagittarius et les Zombies aux Beach Boys de Pet Sounds et aux Beatles de Sgt Pepper ? N’entend-on pas déjà des bribes de XTC chez Judee Sill ? Silver Apples, n’est-ce pas en quelque sorte Suicide avant l’heure ; et les Ruins un Magma d’après l’Apocalypse ? Quel lien existe-t-il entre les expériences sonores ?à la Jean Dubuffet- de la première mouture anarchisante d’Amon Düül et le No Neck Blues Band ? Quelle fut l’influence de Davy Graham sur le British Folk Revival et des groupes comme Pentangle ou Fairport Convention ? Quelle incidence a pu avoir en retour Trout Mask Replica sur Ornette Coleman au moment de son passage à l’électricité avec Prime Time ? D’où vient la voix de Joanna Newsom ? Afin de cerner au plus près ces questions, chaque disque a été abordé, non pas sous forme de chronique comme dans la presse spécialisée, mais de vignette et de mise en perspective autorisées par le recul historique. Ou plutôt de « short cuts », comme dans le film du même nom de Robert Altman, où des histoires adaptées de nouvelles de Raymond Carver finissent par converger, à la fin. De la sorte, chaque disque dévoile des liens avec d’autres du même artiste ou groupe, comme à d’autres encore, dans le même style ou entretenant des rapports de voisinage pertinents. Ainsi, l’histoire bis renvoie à la grande histoire ; et la marge au centre ?plutôt que l’inverse comme c’est souvent le cas. (Avant-propos de Philippe Robert)
De A?
A Certain Ratio ? To Each?
Factory (1981)
Les membres de A Certain Ratio s’étaient retrouvés autour d’influences communes, en 1978, à Manchester. Grosso modo, elles concernaient Wire (une formation britannique sévissant au même moment), surtout Kraftwerk et Brian Eno. D’ailleurs, leur nom était un emprunt à une des premières chansons composées par ce dernier en dehors de Roxy Music. Après avoir engagé un impressionnant batteur, A Certain Ratio creuserait plus profondément le sillon du funk martial et décharné qui deviendrait sa signature. Avant eux, jamais l’on avait imaginé qu’il soit possible de fusionner les ambiances sombres propres à la cold wave avec les rythmes noirs, voire latins. Pourtant, la greffe avait pris au-delà de tout espoir. À tel point qu’à propos de cet album l’on parlerait de croisement parfait entre Joy Division et Parliament, deux groupes a priori antinomiques. Par leur aspect mutant et déviant, ses sambas hybrides et ses rythmes robotiques au pouvoir étrangement hypnotique offriraient à la dance un visage halluciné qu’on ne lui connaissait pas auparavant. Les lignes de basse étaient incroyablement élastiques, les riffs de guitare réduits au seul rôle rythmique, et la trompette minimale. La voix quant à elle s’avérait typique de l’époque, et au moins aussi habitée que celle de Ian Curtis de Joy Division. Sur scène, le quintette se présentait dans des chemises militaires et en bermudas, avec une image singulière au diapason. Leur âge d’or correspondrait aux années 1978 à 1983, avant qu’ils ne quittent le label Factory pour rejoindre une major, et que leur chanteur, parti monter l’intéressant Quando Quango, ne soit remplacé par Martha Tilson, déjà présente sur cet enregistrement. Indéniablement, cet opus devait beaucoup à son producteur Martin Hannett, une sorte de Phil Spector new wave. Le feu semblait y couver sous la glace, comme si les séances avaient été réalisées dans une chambre froide. Peu de groupes aussi visionnaires sévissaient alors, en dehors de ESG à New York. Par contre, le terreau ensemencé par A Certain Ratio (qui ne connaîtrait jamais de vrai succès) allait avoir une influence profonde sur la scène « Madchester », dans les années quatre-vingt. Les Happy Mondays retiendraient si bien la leçon qu’ils rafleraient la mise à la place des inventeurs de cette mixture inédite.
À écouter aussi :
Sextet (1982)
Également conseillés :
Rip, Rig & Panic, ESG, The Pop Group, Mark Stewart & The Maffia, Liquid Liquid, 23 Skidoo, Konk
***
À Z?
The Zombies ? Odessey And Oracle
Columbia (1968)
Comment expliquer qu’un disque d’une grâce aussi exceptionnelle ait raté son public ? A posteriori, cela ne pouvait paraître qu’invraisemblable, tant Odessey And Oracle possédait beaucoup des qualités ayant fait des chefs-d’oeuvre du Pet Sounds des Beach Boys et du Revolver des Beatles. Ce serait d’ailleurs dans les studios d’Abbey Road, après que les Beatles y aient enregistré Sgt Pepper, que les Zombies réaliseraient cet album. Cela ne leur porterait guère chance puisqu’il constituerait leur chant du cygne. Pourtant, l’ensemble avait été ouvragé avec délicatesse, les deux compositeurs du groupe puisant allégrement dans leurs influences, c’est-à-dire dans Bach et les progressions harmoniques de la musique chorale de Herbert Howell, entre autres. À cela s’ajoutait une prédilection pour la mélancolie inhérente au mode mineur, transformant de simples chansons aériennes en purs bijoux ciselés par de vrais esthètes de la pop. Ces compositions en Technicolor s’avéraient même parsemées d’incongruités, un extrait d’enregistrement de Boulez défilant à l’envers. L’utilisation du Mellotron annonçait ce qu’en feraient certains groupes progressifs. Et Colin Blunstone chantait d’une belle voix dont nombre de ses confrères s’inspireraient par la suite, Ed Harcourt fournissant un exemple parmi tant d’autres. Alors que manquait-il à cet opus ? On se le demanderait encore longtemps, aucune ornementation superflue ni surcharge pondérale n’étant venues gâcher quoi que ce soit. Lassé de courir après le succès qu’il avait entrevu à plusieurs reprises, le groupe éclaterait. Après que les ventes d’un des 45 tours extraits de Odessey And Oracle aient dépassé le million d’exemplaires, un pont d’or offert aux ex-Zombies ne les motiverait pas à se reformer. Colin Blunstone serait le seul à entamer une nouvelle carrière intéressante, en solo et dans un style proche du folk existentialiste de Nick Drake, One Year et Ennismore étant des pièces de choix dignes du groupe dont il avait été le porte-parole.
À écouter aussi :
Begin Here (1965)
Également conseillés :
Colin Blunstone, The Beach Boys, The Beatles, Sagittarius, The Millennium, XTC |
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