20.00 €
| | Compositeur | Max Cabanes, Rodolphe | | Titre | Johnny Cash BDMusic 1Bd + 2 Cd | | Edition | BDMUSIC | | Numéro | 9782374501512 | | Instrumentation | Livre - Bandes Dessinées - Rélié | | Disponibilité | Sous quelques jours | | Prix en euro | 20.00 € | | | Au carrefour des cultures
Issu d'une région austro-hongroise située aux confluents des cultures hongroise, slovaque et roumaine (appartenant aujourd'hui à la Roumanie), Béla Bartok a réussi, par un remarquable tour de force, à se construire un langage résolument personnel bâti sur les strates de l'histoire de la musique. Né en 1881, il est un des compositeurs majeurs de la première moitié du XXème siècle. Une époque qui, sur le plan musical, n'a rien à envier aux siècles précédents. C'est en effet une étonnante concentration de génies et de forts caractères qui va croître et fleurir dès les premières années d'un siècle qui engendrera Richard Strauss, Mahler, Sibelius, Debussy, Ravel, Elgar, Stravinsky, Prokofiev, Berg, Schönberg, Webern, Varèse pour n'en citer que quelques-uns. Pianiste de haut vol, ethnomusicologue de la première heure, compositeur, Bartok appartient à ce nombre d'élus.
C'est sa mère qui encourage ses dons musicaux manifestes dès l'enfance. Très vite il compose et joue du piano. Il reçoit une bourse pour aller étudier à Vienne, alors capitale de l'Empire austro-hongrois, mais il préfère aller étudier à Budapest, une décision qui aura une grande répercussion dans la vie et dans l'oeuvre du musicien. Il est ainsi en contact étroit avec le nationalisme hongrois et écrit, en 1902, un poème symphonique, Kossuth à la gloire du héros national. A cet époque Bartok est encore tout baigné de l'influence de Brahms et de Liszt, mais c'est surtout la découverte du poème symphonique Ainsi parlait Zarathoustra de Richard Strauss entendue lors de sa création à Budapest qui l'inspire pour ce premier essai symphonique. L'oeuvre de Strauss « reçue avec horreur par la plupart des musiciens de la ville, me remplit du plus grand enthousiasme : je découvrais enfin une nouvelle direction, une nouvelle voie. » (Bartok, autobiographie) Deux ans plus tard, il reçoit comme une illumination en découvrant une véritable chanson populaire hongroise. Conscient qu'un tel répertoire doit être conservé, il entreprend avec son ami, le compositeur Zoltan Kodaly, un vaste voyage dans les campagnes de l'Europe centrale et orientale, de l'Asie mineure et de l'Afrique du nord. Munis d'un gramophone, ils enregistrent et classent tout ce qu'ils peuvent en donnant un salutaire coup de fouet à l'ethnomusicologie certes plus ou moins pratiquée depuis le XVIème siècle, mais jamais avec une envergure quasi scientifique. Pour cet homme secret et rigoureux, c'est aussi l'occasion de s'éloigner de l'affairisme et la superficialité des villes. Cette recherche folklorique occupera une grande partie de son temps et aura un écho important dans toute son oeuvre postérieure. A ces influences conjuguées de la musique de Richard Strauss et de celle du folklore, il faut souligner également l'intérêt que Bartok portait aux compositeurs d'un passé lointain. Lors de ses récitals de piano, il aimait jouer Scarlatti, Couperin ou Rameau en éditant lui-même des éditions respectant les textes originaux. Ces maîtres d'autrefois lui inspirent d'ailleurs le recueil pour piano Microkosmos, écrit entre 1926 et 1939 pour son fils Pierre. Il s'agit de six livres comportant 153 petites pièces, de difficulté croissante, composées dans un but pédagogique comme Bach l'avait réalisé pour l'enseignement à ses propres enfants.
Du folklore à la musique pure
Pendant quelques années Béla Bartok fait de très nombreux arrangements et harmonisations basés sur les chansons populaires collectées. En 1907, il est nommé avec Kodaly à l'Académie Musicale de Budapest malgré l'opposition des frileux. Ensemble ils veulent insuffler une vitalité nouvelle à la vie musicale hongroise. Bartok commence alors à écrire toute une série de chefs-d'oeuvre qui vont marquer le siècle et faire entrer la Hongrie dans la modernité. En 1909 c'est le début du formidable corpus des six Quatuors à cordes. Puis vient, en 1911, son opéra hongrois Le Château de Barbe-Bleue orchestré avec une brillance qui doit autant à Strauss qu'à Debussy. Cette oeuvre étonnante invite l'auditeur à une vertigineuse plongée à l'intérieur de lui-même. Toutes ces portes que Judith veut ouvrir sont autant de secrets et de non-dits inhérents à l'âme humaine et qui sont souvent la source d'incompréhension entre les êtres les plus proches. La métaphore de cet ouvrage prodigieux est souvent cachée par des mises en scène au premier degré qui ne laissent aucune place à l'imaginaire et à l'inconscient.
L'argument des deux ballets-pantomime écrits peu après traitent aussi des difficultés d'aimer. Le Prince de bois (1914-16) est une allégorie des pièges et des faux-semblants que peu revêtir l'amour alors que Le Mandarin merveilleux (1918-19), dont l'érotisme scabreux fit scandale, traite de la force du désir sexuel masculin que même la mort ne peut assouvir. La musique de ces deux ballets prolonge et exalte leur argument avec une force incomparable.
Peu à peu les diverses influences, totalement assimilées, vont disparaître pour faire naître un langage puissamment personnel à partir de la Suite de danses de 1923. C'est alors la période de la pleine maturité qui verra naître des oeuvres capitales comme la suite pour piano En plein air et les trois Concertos pour piano. Trois enfants essentiels dans la littérature de piano et trois frères pourtant si différents comme cela arrive souvent dans une famille. Le Concerto no 1 (1927) est d'une extrême difficulté pianistique. L'influence des clavecinistes du XVIIIème siècle y côtoie celle de ses contemporains, Stravinsky en tête. Partition foisonnante, passionnante, mais ardue de l'aveu même de son auteur. Le Concerto no 2 (1939) fait la part belle à la jubilation rythmique et aux instruments à vent et percussion. Bartok précise bien qu'il s'agit d'un concerto pour piano ET orchestre, c'est à dire que ce dernier à une place égale à celle du piano et plus considérable à bien des égards. Le limpide Concerto no 3 (1945) est celui de l'apaisement et de la sérénité alors même que Bartok y laisse ses dernières forces, rongé par une leucémie galopante en plein exil américain.
En quête de sons neufs
Si l'originalité du langage de Béla Bartok réside dans la fusion d'éléments très disparates qui finissent par se fondre dans un langage extrêmement expressif et dans une sensualité sonore qui n'a pas pourtant rien d'enjôleuse, il y a un autre élément à ne pas négliger pour bien appréhender sa musique. C'est son souci pour le timbre qui l'incite à créer des sons neufs comme dans la Musique pour cordes, percussion et célesta (1936) ou la Sonate pour 2 pianos et percussion (1937). Ces deux oeuvres, auxquelles il faut ajouter Ionisation (1929) d'Edgar Varèse, sont les premières à exploiter la percussion non plus comme un accessoire au sein de l'orchestre symphonique mais bien comme un instrument soliste à part entière. Cet acte fondateur va générer toute une série d'oeuvres qui verront le jour dans la deuxième partie du XXème siècle jusqu'à nos jours. Musique pour cordes, percussion et célesta est une oeuvre exaltante à plus d'un titre. Elle saisit et séduit immédiatement l'auditeur par sa puissance d'expression sans qu'il soit besoin de se creuser la tête. Mais c'est en fait une composition savante dont les proportions, savamment étudiées, reposent sur le nombre d'or. C'est aussi une sorte d'hommage au concerto grosso baroque mais sans jamais tomber dans un néo-classicisme pourtant courant à l'époque. La musique de Bartok ne suit ni ne précède la mode et c'est bien là son caractère le plus profond et sa marque de fabrique. Musique populaire ? Autre paradoxe, car si Bartok utilise très souvent les rythmes, les couleurs et les tournures harmoniques de la musique populaire, il ne tombe jamais dans la parodie, même dans les nombreuses suites de danses qu'il écrivit où il semble comme réinventer un folklore imaginaire.
Dans la Sonate pour 2 pianos et percussion, commandée elle aussi par le mécène suisse Paul Sacher, Bartok va encore plus loin dans l'exploitation du timbre et trouve d'étonnants échos entre les pianos (utilisés souvent comme instruments à percussion) et les timbales qui deviennent presque expressives. Pensant avoir écrit une oeuvre confidentielle Bartok en réalisa une transcription avec orchestre qui n'a toutefois jamais eu le succès escompté. C'est bien dans sa forme première, et tellement originale, que la partition a triomphé. Si son écriture totalement nouvelle a dérouté les premiers interprètes, l'oeuvre est devenue aujourd'hui un des grands classiques du répertoire.
De la maturité à l'exil
La puissante originalité de la musique de Bartok éclate dans ses six Quatuors à cordes qui représentent l'alpha et l'oméga du compositeur hongrois. Ecrits entre 1908 et 1939, ils couvrent la totalité de sa période créatrice. C'est un corpus unique d'une nouveauté et d'une qualité musicale qu'on a souvent comparée aux quatuors de Beethoven. « Chacun d'entre eux s'impose, avec une lumineuse évidence, comme l'expression hautement nécessaire d'une étape précise de son développement artistique et spirituel. La courbe de l'évolution de l'art de Bartok est d'une clarté et d'une rectitude exemplaires, et par bonheur, les six quatuors en jalonnent toutes les étapes, sans en omettre aucune, sans non plus qu'il y ait jamais double emploi entre d'eux d'entre eux. » (Harry Halbreich) Comme Bach ou Mozart avant lui, Bartok n'a rien d'un révolutionnaire et la nouveauté de son langage réside dans son emploi d'une tonalité élargie et d'une rythmique provenant de sources folkloriques ou extra-européennes.
En 1940 c'est la rupture. Totalement déprimé par la montée du nazisme et le début de la deuxième guerre mondiale, Bartok part en exil volontaire aux Etats-Unis. Coupé de ses amis, miné par les nouvelles de la guerre il tombe malade et mourra sans jamais revoir son pays. Cet exil américain n'est toutefois pas improductif. Dans l'isolement et dans une pauvreté indigne à cette époque (il refuse l'aide financière de ses amis) il compose une de ses oeuvres les plus célèbres, le Concerto pour orchestre dans lequel certains musicologues ont cru décelé un soupçon de complaisance au public américain. C'est une commande du chef et mécène américain Serge Koussevitzky qui créera l'oeuvre avec un grand succès au Carnegie Hall de New-York, le 1er décembre 1944 en présence du compositeur conquis par l'interprétation. Ernest Ansermet, ami et parmi les meilleurs interprètes de Bartok écrira : « il [le Concerto pour orchestre] court à la coda, une coda vertigineuse : comme un grand coup de vent, des vagues de cordes aux couleurs phosphorescentes semblent emporter des bribes de la fugue jusqu'à ce que le thème de celle-ci éclate dans toute sa grandeur aux cuivres. » Ansermet réalisera d'ailleurs, en 1959, un des enregistrements de référence de cette fameuse partition. Bartok écrira encore une Sonate pour violon seul (toujours cet attachement aux maîtres du passé) et le Concerto pour alto qu'il laissera inachevé.
Oscillant entre désespoir et espérance, dénonçant l'incommunicabilité entre les hommes, le message de Béla Bartok est avant tout celui d'un humaniste s'exprimant à travers une langue musicale singulière issue de son savoir encyclopédique et d'une curiosité sans cesse en éveil. On ne peut pas parler à proprement parler de descendance à propos de lui. Il a certes formé de nombreux musiciens qui sont devenus compositeurs ou/et chefs-d'orchestre mais aucun, à l'exception notable de György Kurtag et des oeuvres de jeunesse de Lutoslawski et de Ligeti n'a vraiment suivi la trace lumineuse du grand maître. La musique de Bartok n'est jamais creuse et ne tombe jamais dans la facilité et la vulgarité qui sont le prix de tant d'autres. Pas sa hauteur de vue, par sa rigueur, par l'exigence qu'elle demande aux musiciens comme aux auditeurs, cette musique ne sera sans doute jamais populaire mais ira droit au coeur des êtres sensibles et tourmentés.
François Hudry
Le Clos Mué, le 4 août 200 |
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